Direction Artistique - Curatrice - Architecte 

TCHERNOBYL  
Les villages perdus & Dis moi nuage


2003/2007 -  Action crée par Béatrice de Dufort pour Patrimoine sans frontières et Fiona Meadows pour Cité de l’architecture et du Patrimoine


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TCHERNOBYL
Les villages perdus & Dis moi nuage


Le programme CORE

Le programme CORE Afin d’engager une démarche de réhabilitation des conditions de vie dans les territoires contaminés, le programme international CORE (COopération pour la REhabilitation) avait été initié en 2003 sur une proposition du Comité pour la Minimisation des Conséquences de la Catastrophe de Tchernobyl de Biélorussie (Comité Tchernobyl). Il s’appuyait sur l’expérience du projet ETHOS mené de 1996 à 2001 par une équipe pluridisciplinaire francobiélorusse. En janvier 2004, 23 partenaires avaient signé la Déclaration des principes du programme CORE. Le Programme CORE intervenait dans quatre districts : le district de Stolyn dans la région de Brest, les districts de Tchetchersk et de Braguine dans la région de Gomel et le district de Slavgorod dans la région de Moguilev. Le programme devait se dérouler sur cinq ans. Les différentes dimensions de la réhabilitation des territoires contaminés se déclinaient à travers quatre volets :

  • suivi sanitaire et qualité de santé ;
  • développement économique et agricole ;
  • contrôle radiologique ;
  • culture radiologique, mémoire intergénérationnelle et internationale.

Approche La méthodologie employée reposait sur le soutien des initiatives locales et la construction de partenariats et de liens forts entre les acteurs locaux, nationaux et internationaux. Le programme CORE a été avant tout une structure de coordination de l’action de partenaires multiples destinée à assurer un maximum d’efficacité face à une situation complexe et à garantir une action coordonnée et intégrée sur l’ensemble des dimensions du problème. Le Programme a donc organisé un espace de dialogue et de construction d’une compréhension commune du problème de la vie dans les territoires contaminés entre les différents acteurs. Une équipe de coordination était au service de l’ensemble des partenaires du programme. Elle a eu pour fonction d’organiser le dialogue et de favoriser les échanges au niveau local, de contribuer à l’identification des initiatives et des besoins et de faciliter les démarches administratives et le dialogue avec l’ensemble des autorités nationales ou locales concernées. Le programme, conçu comme un réseau de projets en évolution, ne comprenait pas de structure interne de financement des projets. Contexte L’accident de Tchernobyl a laissé des territoires contaminés et interdits dans lesquels des villages ont été pour toujours « perdus ». Certains villages ont été enterrés, d’autres ont été abandonnés et pour les habitants qui les avaient quittés, ils étaient alors inaccessibles ou n’existent plus. Contrairement à une guerre, la perte qui a été subie possède un caractère irréversible qui interdisait toute forme de retour à la situation préexistante, ou même toute tentative de reconstruction. L’impossibilité d’effacer les effets d’un accident dont les traces étaient imperceptibles, mais qui isolaient un territoire et condamnaient sa population à l’exil forcé, rendait la situation particulièrement difficile. Elle impliquait des actions pour ne pas oublier l’histoire de ces lieux disparus, tout en transmettant la connaissance de leur statut particulier.


Objectif du projet:

Engager les populations concernées dans la réappropriation de la mémoire des lieux disparus (participation des habitants dans les actions du projet, perfectionnement de la base technique des groupes de travail, etc.) ;



identifier collectivement des éléments (endroits, images, objets) constituant une base de médiatisation du patrimoine de ces lieux ;  intensifier les échanges culturels internes et externes (avec des professionnels, des institutions culturelles et éducatives, etc.); valoriser la mémoire des lieux disparus à travers la réalisation d’une exposition à Braguine et dans d’autres villes biélorusses ;
augmenter l’attention portée par la communauté internationale aux territoires concernés.

C’est dans ce cadre que PSF , Béatrice de Durfort et Fiona Meadows de la cité de l’architecture & du Patrimoine ont mis en place deux programmes pour la commémoration de Tchernobyl des 20 ans de la catastrophe.




Villages Perdus 2006-2008
Exposition avec les habitants
La mémoire de Tchernobyl et des territoires contaminés en Biélorussie En donnant la parole aux populations affectées, notre action visait à éviter la banalisation de la tragédie de Tchernobyl et à restaurer la solidarité internationale avec les habitants des territoires contaminés. Notre intervention en Biélorussie s’est inscrite dans le cadre du programme international CORE, qui visait la réhabilitation durable des conditions de vie dans ces territoires contaminés, en impliquant les populations concernées. Nous avons participé dès 2002 au volet « culture radiologique et mémoire » de ce programme, avec pour objectifs le développement et la transmission intergénérationnelle et internationale d’une « culture radiologique » pratique et d’une mémoire de l’accident et de ses conséquences sur l’homme...

Le projet L’ambition du projet était double et reposait avant tout sur la participation de la population. Il s’agissait, d’une part, de créer une oeuvre significative qui rende compte à sa manière d’un patrimoine bien particulier et, d’autre part, de débuter à cette occasion un travail collectif de mémorisation d’un temps et d’un territoire perdus. Le projet avait pour but de sauvegarder avec la population locale le souvenir des villages disparus, de donner à voir des paysages absents dont les traces disparaissent peu à peu mais qui ne doivent pas être effacées des mémoires individuelles et collectives. Il s’est donc concrétisé à travers la réalisation d’une exposition qui compilait toutes sortes d’informations (images, témoignages, archives...) collectées au cours de l’année 2005 par la population locale réunie en groupes de travail. L’inauguration de l’exposition a eu lieu le 26 avril 2006, lors de la commémoration des 20 ans de Tchernobyl, au Musée de Braguine. L’exposition a par la suite été présentée dans plusieurs villes biélorusses, dans les pays voisins et le reste de l’Europe.



Texte de commissariat:

La Terre perdue

Musée de Braguine, Bielorussie, 2006

Un point noir sur une carte de trente kilomètres de rayon ne font pas un problème de géométrie. Le point noir c’est Tchernobyl, terre amère  d ‘oubli et d’abandon, aux confins de l ‘Ukraine, de la Biélorussie et de la Russie; trente kilomètres de rayons, ce sont des centaines de villages enterrés ou désertés, une terre délaissée, interdite, incompréhensible à ses habitants, invivable depuis le 6 avril 1986.

Qu’apprends-on de qui vous dit: « ici, les liquidateurs ont m^me enterré la terre »? Qu’apprend-on des témoins de ce nouveau Finistère sans retour, de ces populations repliées à la hâte, brutalement, dans des territoires d insécurité sanitaire, sociale et économique à la périphérie de la Zone d ‘exclusion? Qu’à t’on à entendre qu ils sont les seuls au monde à pouvoir dire ? Dont eux seuls, qui savent, peuvent témoigner? Qu’ont-ils comme infinie et terrible richesse à partager avec leurs enfants, avec nous ?

Depuis 2003, PSF s’est engagé à soutenir le travail collectif d ‘images, de récits, de témoignages et d’objets réalisé par des groupe de volontaires bénévoles soucieux de débuter un travail collectif de mémorisations d un temps et d’un territoire irrévocablement perdus.

IL s’agissait, pour les habitants des territoires contaminés, de retrouver, par -délà les mémoires blessées, les silence et les traumas, de quoi témoigner de leur de leurs attachements, de leurs histoires singulières et collectives auprès de leurs enfants- fruit de l exil- et de tous ceux qui doutent, ne savent pas, ne comprennent pas.Se souvenir pour se reconstruire, c’est inscrire un sens à l’épreuve, se dire pour mieux faire face, s inventer dans le futur, vivre.

Cette manière brute récoltée a permis de constituer un véritable corpus mémoire dans ces villages disparus. Confiés à l’artiste biélorusse Vladimir Tsesler , elle donne vie aujourd’hui à l’exposition « la terre perdue » objet artistique créé pour commémorer de manière inédite les 20 ans de la catastrophe.

Commissaire de l exposition et de l’action les villages perdus

Béatrice de Durfort, présidente de PSF & Fiona Meadows responsable de programmes IFA


Les villages perdus, film de Fiona Meadows , 14 mns avec un texte de Svetlana Alexievitch.

Villages Perdus - Biélorussie Tchérnobyl - PSF



Catalogue
La terre perdue 
- sous la direction de Béatrice de Durfort et Fiona Meadows
2006 / 90 pages

Cet ouvrage a été édité à l’occasion de l exposition en 2006 de commémoration des 20 ans de la catastrophe de Tchernobyl au musée de Braguine par Patrimoine sans frontières en co production avec la cité de l’architecture & du patrimoine et le département de culture de Braguine





Dis Moi nuage 2006-2007

Action de sensibilisation des enfants

Afin de faire participer le plus grand nombre d’enfants à la réflexion sur la mémoire de la catastrophe de Tchernobyl, de nombreuses classes de différents pays ont rejoint le projet : Biélorussie, Russie, Ukraine, Allemagne, Autriche, Espagne, Liban, Cameroun, Philippines et France. Plusieurs classes à travers le monde ont ainsi été amenées à travailler sur la question de l’énergie nucléaire, et chacune a pu aborder la thématique à sa manière, en fonction du contexte local. Il ne s’agissait pas d’une question facile à aborder, et c’est pour cela qu’il nous est paru pertinent de l’aborder à travers la création-artistique qui allait permettre à chacun de trouver le meilleur moyen d’exprimer ses idées et ses questionnements. La création des contes-illustrés était coordonnée, dans chaque classe, par l’enseignant principal et un binôme d’artistes. Pendant que les enseignants s’occupaient de sensibiliser les élèves aux enjeux de l’énergie nucléaire, les artistes les accompagnaient dans l’écriture du conte et dans la réalisation du film. La conteuse Muriel Bloch et Alain Fleischer ,nous ont conseillés et accompagnés sur le projet.

Objectifs atteints

• Sensibiliser les enfants aux enjeux liés à l’énergie nucléaire à travers la mise en place d’ateliers de création artistique dans leurs classes ;
• réaliser un DVD pour mettre en commun l’ensemble des contes-illustrés réalisés par les enfants ;
• valoriser l’expérience en présentant ses résultats pendant différents événements culturels.

Localité :  Biélorussie, Russie, Ukraine, Allemagne, Autriche, Espagne, Liban, Cameroun, Philippines et France.

Les élèves âgés de 7 à 15 ans des classes participantes au projet.



Ouvrage
Dis-moi, nuage Sous la direction de Béatrice de Dufort & fiona Meadows Patrimoine sans frontières
53 pages + 57 pages / 2007 Texte : français, anglais, russe Somogy, Paris

Ce livre double se présente accompagné de deux DVD numérotés. Cet ouvrage multi-supports retrace les ateliers mis en place dans des écoles primaires de divers pays européens concernant la perception de l'événement de l'explosion de la centrale nucléaire de Tchernobyl. Notes : livre double + 2 DVD numérotés Anglais Français Russe