Direction Artistique - Curatrice - Architecte
© Gaston Bergeret
ET VOGUE L’ARCHITECTURE !
Le réchauffement climatique est caractérisé par l’augmentation des températures moyennes dans les océans et sur la Terre. Les gaz à effet de serre, émis et piégés à la surface terrestre, en sont la cause principale. Ce changement climatique est indéniablement lié à l’activité humaine qui, depuis la première industrialisation, nous a fait basculer dans l’ère de l’anthropocène. C’est en effet la production effrénée de l’homme qui est coupable de la dégradation à grande vitesse de l’écosystème. Ce constat nous a conduits, cette année, dans le cadre du concours Mini Maousse 8, à proposer un thème autour des questions que posent le changement climatique et ses incidences, notamment sur l’eau.
Le réchauffement de la planète entraine une accélération de la fonte des glaces situées aux pôles et en altitude. Le niveau des océans monte, inondant peu à peu les zones les plus vulnérables. Ces montées des eaux provoquent un déplacement des masses par des jeux de rééquilibrage, et donc la forme même de la Terre change. Certaines failles et systèmes volcaniques pourraient même être réactivés.
Mais les effets du réchauffement ne s’arrêtent pas là. Le niveau des océans, les précipitations augmentent, et les tornades, ouragans, tempêtes et phénomènes cycloniques sont de plus en plus fréquents et violents. À l’inverse, certains pays déjà en difficulté manqueront bientôt d’eau, la sécheresse augmentant dans les zones subtropicales et méditerranéennes.
La mer, la Terre se meurent ! C’est toute la biodiversité, marine et terrestre, végétale et animale, tout le vivant qui est aujourd’hui touché. Rien que dans la mer, l’extinction des forêts coralliennes, le réservoir de biodiversité vivrière le plus riche de la planète, disparaît et met en péril par exemple l’équilibre alimentaire des habitants de l’océan Indien.
La conséquence de tout cela est la mise en danger de la survie des espèces, et notamment de l’espèce humaine sur Terre. Agir à court terme est aussi impératif qu’il est nécessaire de penser l’horizon pour mieux appréhender les catastrophes à venir ou espérer un futur meilleur.
La 8 édition du concours Mini Maousse lance le défi de proposer une microarchitecture flottante : l’aquabane. Celle-ci doit être située entre deux rives, questionner le changement climatique et être un objet militant portant des valeurs écologiques.
Cette exposition retrace les différentes étapes de cette nouvelle édition.
Le premier, « Se jeter à l’eau », expose les processus de fabrication d’objets artistiques qui reposent sur une réflexion autour de l’eau en particulier, et plus généralement autour des questions climatiques. Cette partie s’est construite à partir du colloque Mini Maousse 8, qui s’est déroulé à la Cité de l’architecture & du patrimoine le 9 octobre 2020. Philosophes et créateurs étaient invités à partager leurs réflexions autour de la question : « Comment les artistes, les architectes, les designers répondent-ils aux enjeux climatiques, en apportant des solutions ou en questionnant notre monde ? »
Le deuxième, «49 exemples de microarchitectures flottantes», présente des projets contemporains réalisés à travers le monde. Mobiles ou fixes, pérennes ou temporaires, ces créations abordent la question de l’eau et du changement climatique à partir de six entrées: petites architectures flottantes, jardins flottants, sublimer l’eau, récupération des eaux, réfugiés climatiques et radeaux.
Le troisième, «L’aquabane entre deux rives», porte sur le concours Mini Maousse 8, et présente les 29 projets sélectionnés et les 16 coups de cœur parmi les 342 reçus. Chaque projet est documenté, avec un regard plus précis sur les projets lauréats.
Enfin, des respirations ponctuent cette exposition. Les dessins des sœurs Chevalme, qui forment le premier, illustrent à travers leur manière singulière la question du changement climatique et de ses incidences. Le deuxième conduit vers l’utopie des microprojets flottants de l’architecte Guy Rottier. Le troisième se construit, lui, autour des sublimes villages flottants d’Irak, dont l’équilibre est une vraie leçon d’harmonie écologique. Et deux installations celle de Lucy Orta et d’Isabelle Daëron
Durant deux ans, des chercheurs-philosophes en architecture, art ou design, des centaines d’étudiants et d’enseignants, des institutions et des associations se sont engagés dans un vaste chantier qui a permis d’explorer ces questions fondamentales.
Fiona Meadows, commissaire
Exposition produite par la Cité de l'architecture & du Patrimoine et coproduite avec l’ESB-École supérieure du bois.
Soutiens
L'opération a bénéficié du mécénat de la Caisse des Dépôts et de l’Odysée
Plus de détail :
Mini Maousse 8
Article : Construire sur l’eau, ou quand l’architecture prend le large
De l’île De la Rose à l’aquabane
À chaque génération sa quête d’un monde meilleur. La sortie du film en 2020 L’Incroyable Histoire de l’île de la Rose, comédie dramatique de Sydney Sibilia, nous rappelle la construction d’une micronation oubliée.
En 1968, la jeunesse s’émancipe et rejette les valeurs traditionnelles, le mode de vie de ses parents, la société de consommation, la guerre du Vietnam... Que ce soit le caractère international de Mai 68 et ses révoltes étudiantes ou le mouvement de contre-culture hippie qui se diffuse dans le monde occidental, une dynamique vers un monde autre, plus libre, émerge.
Pour répondre à cela, Giorgio Rosa, un jeune ingénieur idéaliste italien, décida de créer une île en acier, à 12 kilomètres des eaux territoriales italiennes, donc en zone internationale, où les lois n’existent pas. Cette île de 400 mètres carrés construite sur pilotis, sur le modèle d’une plate-forme pétrolière, offrait à la jeunesse soixante-huitarde un espace de liberté pour pouvoir s’encanailler en pleine mer Adriatique. L’île de la Rose disposait d’un restaurant, d’une boîte de nuit, d’un bar, d’un magasin de souvenirs et d’un bureau de poste. Giorgio Rosa appela ce territoire la république de l’île de la Rose mais, dans la langue utopique officielle de la micronation, l’espéranto, il s’agissait de la «Respubliko de la Insulo de la Rozoj». Il y instaura son propre gouvernement. Giorgio en était le président, les autres insulaires occupaient les postes officiels de ministre des Finances, de ministre de l’Intérieur et de ministre des Affaires étrangères.
L’île devint rapidement un symbole de liberté au temps des événements de 1968 dans toute l’Europe. Un statut qui ne plaisait déjà pas beaucoup aux dirigeants italiens, encore moins lorsqu’ils apprirent que ce petit bout de terre espérait contacter l’ONU afin de devenir indépendant. S’ensuivit un bras de fer historique entre la république d’Italie et la république de l’île de la Rose. Le gouvernant italien ordonna cinquante-cinq jours plus tard que l’île soit saisie et coulée au fond de l’Adriatique. Le conseil de l’Europe déclara ne pouvoir statuer sur ce litige entre l’État italien et la république de la Rose libre, car l’île était hors des eaux européennes.
Pour éviter des événements similaires, l’ONU a repoussé les frontières des eaux internationales de 6 à 12 miles (22 kilomètres) partout dans le monde.
Cette micro-île de la Rose était la quête d’une jeunesse pour la liberté, un microespace où tout était possible.
Aujourd’hui, la génération de Greta Thunberg, militante suédoise engagée dans la lutte contre le réchauffement climatique, cherche aussi un monde meilleur.
Les incidences du réchauffement climatique sont extrêmement alarmantes: montée des eaux, pénurie en eau potable, disparition inquiétante de la faune et de la flore. Nous sommes témoins d’un véritable écocide. Il devient impératif dans ce contexte mondial d’alerter et surtout de trouver des solutions. C’est l’affaire de tous. Il est urgent de changer nos modes de vie qui offensent la Terre, en cohésion avec l’ensemble des écosystèmes que l’on cherche à préserver pour l’intérêt commun. Le concours Mini Maousse, pour sa 8e édition, s’engage dans cette réflexion collective pour défendre la nature en partant de la question de l’eau et appelle les jeunes créateurs à donner une réponse architecturale comme un signal d’avertissement.
Nous proposons pour cette édition d’imaginer l’aquabane, une cabane flottant entre deux rives, sur un fleuve, une rivière, un lac, dans une baie... Il s’agit de concevoir un espace géographique neutre, détaché du monde (physiquement et métaphoriquement), un microterritoire qui interroge notre devenir, ou plutôt pense l’avenir autrement. Chaque candidat devra imaginer une architecture respectueuse de l’environnement et ses usages sur un îlot de moins de 50 mètres carrés.
Une île, c’est d’abord une société. Dans L’Odyssée, Homère nous emmène d’île en île, c’est- à-dire de société en société, de la plus déshumanisée à la plus sophistiquée. C’est un vrai parcours initiatique politique que vit Ulysse pour mieux rentrer chez lui et y rétablir l’ordre. Partir ailleurs pour mieux comprendre d’où l’on vient.
L’île nous offre une vue à 360 degrés sur les rives d’en face. De ce lieu, on peut observer et s’observer, interroger et s’interroger d’une manière neutre et anthropologique. L’île symbolise aussi l’origine, l’utopie, le paradis. Quelle serait aujourd’hui l’aquabane de l’île d’Utopie que Thomas More imaginait en terre d’abondance et en société parfaite en 1516 ?
L’aquabane doit être un lieu d’échanges et de croisements (d’idées, de livres, de méditation, de convivialité, de culture...), une microarchitecture poétique portant des valeurs écologiques. Puisque les scientifiques annoncent que des points de non-retour en termes de réchauffement climatique vont être franchis si nous continuons à vivre ainsi, quelle serait cette architecture, paradigme de survie de demain? Comment cet objet peut-il signifier une nouvelle relation de l’homme à la planète ? Comment faire un objet militant, manifeste, qui alerte de l’urgence ?
Fiona Meadows
À chaque génération sa quête d’un monde meilleur. La sortie du film en 2020 L’Incroyable Histoire de l’île de la Rose, comédie dramatique de Sydney Sibilia, nous rappelle la construction d’une micronation oubliée.
En 1968, la jeunesse s’émancipe et rejette les valeurs traditionnelles, le mode de vie de ses parents, la société de consommation, la guerre du Vietnam... Que ce soit le caractère international de Mai 68 et ses révoltes étudiantes ou le mouvement de contre-culture hippie qui se diffuse dans le monde occidental, une dynamique vers un monde autre, plus libre, émerge.
Pour répondre à cela, Giorgio Rosa, un jeune ingénieur idéaliste italien, décida de créer une île en acier, à 12 kilomètres des eaux territoriales italiennes, donc en zone internationale, où les lois n’existent pas. Cette île de 400 mètres carrés construite sur pilotis, sur le modèle d’une plate-forme pétrolière, offrait à la jeunesse soixante-huitarde un espace de liberté pour pouvoir s’encanailler en pleine mer Adriatique. L’île de la Rose disposait d’un restaurant, d’une boîte de nuit, d’un bar, d’un magasin de souvenirs et d’un bureau de poste. Giorgio Rosa appela ce territoire la république de l’île de la Rose mais, dans la langue utopique officielle de la micronation, l’espéranto, il s’agissait de la «Respubliko de la Insulo de la Rozoj». Il y instaura son propre gouvernement. Giorgio en était le président, les autres insulaires occupaient les postes officiels de ministre des Finances, de ministre de l’Intérieur et de ministre des Affaires étrangères.
L’île devint rapidement un symbole de liberté au temps des événements de 1968 dans toute l’Europe. Un statut qui ne plaisait déjà pas beaucoup aux dirigeants italiens, encore moins lorsqu’ils apprirent que ce petit bout de terre espérait contacter l’ONU afin de devenir indépendant. S’ensuivit un bras de fer historique entre la république d’Italie et la république de l’île de la Rose. Le gouvernant italien ordonna cinquante-cinq jours plus tard que l’île soit saisie et coulée au fond de l’Adriatique. Le conseil de l’Europe déclara ne pouvoir statuer sur ce litige entre l’État italien et la république de la Rose libre, car l’île était hors des eaux européennes.
Pour éviter des événements similaires, l’ONU a repoussé les frontières des eaux internationales de 6 à 12 miles (22 kilomètres) partout dans le monde.
Cette micro-île de la Rose était la quête d’une jeunesse pour la liberté, un microespace où tout était possible.
Aujourd’hui, la génération de Greta Thunberg, militante suédoise engagée dans la lutte contre le réchauffement climatique, cherche aussi un monde meilleur.
Les incidences du réchauffement climatique sont extrêmement alarmantes: montée des eaux, pénurie en eau potable, disparition inquiétante de la faune et de la flore. Nous sommes témoins d’un véritable écocide. Il devient impératif dans ce contexte mondial d’alerter et surtout de trouver des solutions. C’est l’affaire de tous. Il est urgent de changer nos modes de vie qui offensent la Terre, en cohésion avec l’ensemble des écosystèmes que l’on cherche à préserver pour l’intérêt commun. Le concours Mini Maousse, pour sa 8e édition, s’engage dans cette réflexion collective pour défendre la nature en partant de la question de l’eau et appelle les jeunes créateurs à donner une réponse architecturale comme un signal d’avertissement.
Nous proposons pour cette édition d’imaginer l’aquabane, une cabane flottant entre deux rives, sur un fleuve, une rivière, un lac, dans une baie... Il s’agit de concevoir un espace géographique neutre, détaché du monde (physiquement et métaphoriquement), un microterritoire qui interroge notre devenir, ou plutôt pense l’avenir autrement. Chaque candidat devra imaginer une architecture respectueuse de l’environnement et ses usages sur un îlot de moins de 50 mètres carrés.
Une île, c’est d’abord une société. Dans L’Odyssée, Homère nous emmène d’île en île, c’est- à-dire de société en société, de la plus déshumanisée à la plus sophistiquée. C’est un vrai parcours initiatique politique que vit Ulysse pour mieux rentrer chez lui et y rétablir l’ordre. Partir ailleurs pour mieux comprendre d’où l’on vient.
L’île nous offre une vue à 360 degrés sur les rives d’en face. De ce lieu, on peut observer et s’observer, interroger et s’interroger d’une manière neutre et anthropologique. L’île symbolise aussi l’origine, l’utopie, le paradis. Quelle serait aujourd’hui l’aquabane de l’île d’Utopie que Thomas More imaginait en terre d’abondance et en société parfaite en 1516 ?
L’aquabane doit être un lieu d’échanges et de croisements (d’idées, de livres, de méditation, de convivialité, de culture...), une microarchitecture poétique portant des valeurs écologiques. Puisque les scientifiques annoncent que des points de non-retour en termes de réchauffement climatique vont être franchis si nous continuons à vivre ainsi, quelle serait cette architecture, paradigme de survie de demain? Comment cet objet peut-il signifier une nouvelle relation de l’homme à la planète ? Comment faire un objet militant, manifeste, qui alerte de l’urgence ?
Fiona Meadows
Le catalogue :
Et vogue l'architecture !
Projets flottants à l'ère du changement climatique - Préface de Fiona Meadows, Ouvrage du collectif «Mini Maousse» (8)
17 x 24 cm / 256 pages / 3 mars 2022 - Textes : français
ISBN : 9782072966965
Collection Architecture - Alternatives, Gallimard
Montée des eaux, pénurie en eau potable, disparition inquiétante de la faune et de la flore... : « La maison brûle ! » Si ce cri d’alerte date déjà de 2002, nous n’avons plus le temps « de regarder ailleurs ». Il est urgent pour notre survie de changer dès maintenant nos modes de vie qui offensent la Terre et de les mettre enfin en cohésion avec l’ensemble des écosystèmes.
Dans cette course effrénée contre la montre, quel rôle peut jouer l’architecture ? Comment construire peut-il signifier instaurer une nouvelle relation de l’homme à la planète ?
Pour sa 8e édition, le concours Mini Maousse s’engage dans cette réflexion en appelant les jeunes créateurs à concevoir une aquabane : une petite cabane (moins de 50 m2) flottant entre deux rives, qui soit respectueuse de l’environnement et de ses usages.
Inscrites dans le champ plus large de constructions contemporaines réalisées sur l’eau, ces créations invitent l’architecture à prendre le large, à imaginer de nouvelles voies pour l’habitat de demain : face à la maison qui brûle pourquoi pas une maison qui flotte ?
Et vogue l'architecture !
Projets flottants à l'ère du changement climatique - Préface de Fiona Meadows, Ouvrage du collectif «Mini Maousse» (8)
17 x 24 cm / 256 pages / 3 mars 2022 - Textes : français
ISBN : 9782072966965
Collection Architecture - Alternatives, Gallimard
Montée des eaux, pénurie en eau potable, disparition inquiétante de la faune et de la flore... : « La maison brûle ! » Si ce cri d’alerte date déjà de 2002, nous n’avons plus le temps « de regarder ailleurs ». Il est urgent pour notre survie de changer dès maintenant nos modes de vie qui offensent la Terre et de les mettre enfin en cohésion avec l’ensemble des écosystèmes.
Dans cette course effrénée contre la montre, quel rôle peut jouer l’architecture ? Comment construire peut-il signifier instaurer une nouvelle relation de l’homme à la planète ?
Pour sa 8e édition, le concours Mini Maousse s’engage dans cette réflexion en appelant les jeunes créateurs à concevoir une aquabane : une petite cabane (moins de 50 m2) flottant entre deux rives, qui soit respectueuse de l’environnement et de ses usages.
Inscrites dans le champ plus large de constructions contemporaines réalisées sur l’eau, ces créations invitent l’architecture à prendre le large, à imaginer de nouvelles voies pour l’habitat de demain : face à la maison qui brûle pourquoi pas une maison qui flotte ?
Exemples de lauréats :
Le radiolaire
Mathieu Gourbeyre et Alban Magd
Ecole supérieure d'art et de design Marseille-Méditerranée
Christina Vryakou et Gautherot Félix
Ecole nationale supérieure d'architecture Paris-Belleville
Taha Bouizargan et Lisa Figueras
École nationale supérieure d'architecture de Paris-Malaquais
Jialing Li
École nationale supérieure des Arts Décoratifs
Rémi Morisset École nationale supérieure des Arts Décoratifs
École Nationale Supérieure d'Architecture de Clermont-Ferrand