Direction Artistique - Curatrice - Architecte
LE MEILLEUR DES MONDES,
le salon du palais , Didier Faustino
2011 - Galerie des moulages, Cité de l’architecture et du patrimoine, Paris
© Gaston Bergeret/David-Boureau
LE MEILLEUR DES MONDES
le salon du palais, Didier Faustino
Didier Faustino, invité de la 3e édition du « Salon du palais », est considéré comme un acteur atypique de la scène contemporaine française. À la fois artiste et architecte, il est reconnu pour ses créations avant gardistes donnant une place centrale au corps et à l'exacerbation des sens.
Le salon au sein de Palais de Chaillot s’est muté en un dispositif mobile. Il s’agit de proposer au public un espace d’immersion dans un environnement unique et inédite conçu par un architecte invité. La démarche n’est pas celle d’une exposition de type « monographique » même si le Son met en valeur le travail et l ‘univers d’un architecte. Les architectes invités ici sont surtout actifs en France, reconnus pour leur démarche expérimentale, leurs approches novatrices. Pour être véritablement comprise, l ‘architecture doit être expérimentée et habitée; l’échelle réelle est certainement la meilleure manière de saisir les intentions de l’architecte.
Dans le palais de Chaillot, le Salon sera le lieu par excellence où vivre l ‘architecture contemporaine de l ‘intérieur..
Pour cette carte blanche, Didier Faustino a élu domicile au coeur des collections historiques du musée. Pensé comme le « salon idéal », Le meilleur des mondes est une installation spécialement réalisée pour la Cité. Elle est conçue comme le reflet déformé d'une assemblée, lieu du rassemblement, espace d'échange, de dialogue et de discussion où s'exerce le pouvoir. Cette «micro nation», aux contours incertains, questionne notre pratique du débat. Les proportions, étranges et fragiles, de cet ensemble, au bord de l'effondrement, invitent le spectateur à s'y projeter à défaut de pouvoir s'y installer. C'est en visitant la galerie des moulages, où les reproductions du Jugement dernier sont si présentes aux tympans des églises romanes, que Didier Faustino a eu l'idée de créer cette salle de conseil revisitée. Il fait appel à notre mémoire en comparant le volume de la galerie Carlu à celui de la salle du manège des Tuileries, occupée par le conseil révolutionnaire. Habitué des transgressions et de la subversion des références culturelles, il a choisi d'implanter son installation Le meilleur des mondes à proximité immédiate des statues-colonnes de la Cathédrale Notre-Dame de Senlis, symboliquement décapitées en 1793. Didier Faustino semble les prendre à témoin, dans un anachronisme digne des peintres du Moyen Âge, qui représentaient les prophètes de l'Ancien Testament assistant à la lapidation de Saint Étienne à la coupole de Cahors, reproduite au premier étage du musée.
Le meilleur des mondes instaure ainsi un dialogue multiforme, grinçant peut-être mais fécond, entre création contemporaine et patrimoine.
Fiona Meadows, commissaire
Exposition produite par la Cité de l'architecture & du Patrimoine