Direction Artistique - Curatrice - Architecte 

CONSTRUIRE UNE VIRTUAL SCHOLA

Microarchitectures nomades pour les oubliés d’Internet. 


2020 - La Coupole de Cahors, Cité de l'architecture et du patrimoine, Paris


© Gaston Bergeret

CONSTRUIRE UNE VIRTUAL SCHOLA
Microarchitectures nomades pour les oubliés d’Internet.


Les oubliés d’Internet

En 2016, Ken Loach recevait la palme d’or pour Moi, Daniel Blake, film dénonçant l’exclusion liée au chômage, à la maladie, à la vieillesse et à la fracture numérique. À cause de problèmes cardiaques, Daniel Blake, ouvrier, doit s’arrêter de travailler. Mais les services sociaux anglais le privent de l’allocation d’invalidité à laquelle il a droit. Il peut faire appel mais la procédure sera longue. Il décide donc en attendant de s’inscrire au chômage. Or pour cela il faut compléter un formulaire qui ne peut être rempli que numériquement. Comment faire quand on n’a pas l’habitude de se servir d’Internet ? Daniel Blake est confronté à des difficultés de poids pour obtenir ses droits.

La fracture numérique, c’est la disparité d’accès aux technologies informatiques, notamment à un ordinateur ou à Internet. Elle se calque bien souvent sur la fracture sociale et se manifeste entre pays riches et pays pauvres, zones urbaines et zones rurales. Avoir accès à Internet peut pourtant aider à défendre ses droits, ses idées, s’informer, communiquer, remplir des formulaires administratifs, acheter à prix compétitif, etc. Être exclu de la société numérique, c’est donc aujourd’hui être victime de nouvelles sources d’inégalités, qu’elles soient économiques, sociales ou culturelles.

En France, être internaute n’est une réalité pour tout le monde : 19,3 % des foyers ne possèdent pas d’accès à Internet, d’après le Centre de recherche pour l’étude et l’observation des conditions de vie, 78 % de ces personnes ont plus de 60 ans, 90 % n’ont pas le bac et 44 % disposent d’un revenu inférieur à 1 500 euros par mois.

Si l’usage d’Internet se répand dans tous les secteurs, y compris dans les zones rurales, souvent habitées par des personnes âgées, les services, notamment publics, se dématérialisent de plus en plus, forçant les habitants à se connecter au web. Or, certaines personnes, comme le montre l’exemple de Daniel Blake, sont totalement dépassées lorsqu’il s’agit d’effectuer une télédéclaration ou un règlement sur la toile. Ces démarches peuvent vite devenir un parcours du combattant… Comment éviter des situations tragiques, presque désespérées, telles que celles que le film de Ken Loach nous expose?



Mini Maousse 7

Le concours Mini Maousse lance cette année le défi de proposer des microarchitectures conviviales pour lutter contre la fracture numérique. L’enjeu est de recréer une vie de quartier autour d’un module technologique dans les communautés rurales ou les zones urbaines sensibles.

Sorte de maison d’associations virtuelles, cet objet hybride autonome offrirait un espace d’(in)formation et de divertissement, d’où le choix de l’intitulé du concours : « Virtual Schŏla 1». Il s’agirait d’un espace d’apprentissage et de connaissance où la notion de loisir serait insufflée pour apporter aux usagers du plaisir, voire du réenchantement. Sa mobilité permettrait d’aller au plus proche des utilisateurs, d’aller vers eux.

Cet équipement, bien sûr en lien avec une ou plusieurs associations et la municipalité, proposerait au voisinage de nombreux services grâce à l’apport des technologies de communication et d’une connexion internet de qualité. Initialement handicap pour les « oubliés d’Internet », la dématérialisation pourrait ainsi devenir source de proximité et offrir des avantages aux zones reculées en leur permettant d’accéder à des services jusque-là inaccessibles.

Cette e-box pourrait, en fonction du moment de la journée et du jour de la semaine, se transformer en e-école, bibliothèque numérique, salle de cinéma ou d’exposition, espace de coworking, cabine de visiophone publique et gratuite. Elle proposerait une entraide pour former à l’utilisation de l’ordinateur et d’Internet tout en offrant les services d’e-écrivains publics pour remplir numériquement les formulaires administratifs.

À quoi ressemblerait l’architecture de cette e-box nomade ? Quels usages pourrait-elle offrir ? Comment s’installerait-elle dans l’espace public ? Pourrait-elle proposer des extensions extérieures? Comment rendre compte de la magie du numérique ? Tout cela est l’enjeu central du concours.

L'exposition présente le résultat du concours Mini Maousse 7 et ses workshops en Afrique ainsi qu'un ensemble de références exemplaires de quarante-deux microarchitectures réalisées par des architectes et designers internationaux, en lien avec la culture. Toutes frappent par leur ingéniosité sophistiquée ou, à l'inverse, par leur grande simplicité.


Fiona Meadows
, commissaire


1- Du latin schola (« loisir studieux, leçon, lieu d’étude »), lui-même issu du grec ancien σχολή skholế « loisir consacré à l'étude ; leçon ; groupe de personnes qui reçoivent cet enseignement ». En bref, l’école est un lieu de loisir aussi bien qu’un lieu d’apprentissage.


Exposition produite par la Cité de l'architecture & du Patrimoine et coproduite avec l’ESB-École supérieure du bois.


Soutiens
L'opération a bénéficié du mécénat de la Caisse des Dépôts et de BNP Paribas Real Estate.
Les prototypes à échelle 1 ont été réalisés grâce aux soutiens de Nantes Métropole pour le projet Ordinambules et du MAIF Social Club pour le projet Mobilab.








Le catalogue : Microarchitectures nomades pour les oubliés d'Internet. Construire une virtual schǒla - Fiona Meadows, Ouvrage du collectif «Mini Maousse» (7)
17 x 24 cm / 248 pages / 21 octobre 2019 - Textes : français
ISBN : 9782072864742
Coédition Cité de l'architecture et du patrimoine, Collection Design - Alternatives, Gallimard

L'accélération de la dématérialisation des services, notamment publics, force les citoyens à être constamment connectés au Web. Sans cet accès, comment reMplir des formulaires administratifs, acheter à prix compétitif, mais aussi comment défendre ses droits, ses idées, s'informer, communiquer...? Malgré cet état de fait, être internaute aujourd'hui en France n'est pas une réalité partagée par tous comme le démontre une étude récente du Centre de recherche pour l'étude et l'observation des conditions de vie : 19,3 % des foyers ne possèdent pas d'accès à Internet. Être exclu de la société numérique, c'est donc être victime de nouvelles sources d'inégalités, qu'elles soient économiques, sociales ou culturelles.

Pour cette septième édition, le concours Mini Maousse s'engage à lutter contre cette fracture numérique en proposant aux participants d'imaginer des microarchitectures conviviales pouvant servir d'e-box nomades : e-école, bibliothèque numérique, salle de cinéma ou d'exposition, espace de coworking, cabine de visiophone publique et gratuite... L'enjeu étant l'accessibilité des ressources numériques au plus grand nombre.




Exemples de lauréats :
Mobilab


Laboratoire Mobile de Pratiques Numériques et de revalorisations des objets

Victor Bois
Ecole supérieure d'art et de design de Reims



Caravane d'Irma
Servane Martin, Nicolas Boulben, Clément Vriet,
Ecole Boulle de Paris



Open Co
Aubin Prost,
Ecole nationale supérieure d'architecture de Clermont-Ferrand